A propos de la culture hors les murs dans le département (Rapport d’activité des services 2023)

Intervention de Chantal Barthélémy-Ruiz sur le rapport d’activité des services du Département 2023, à l’occasion de la séance plénière du 5 avril 2024.

Cette délibération est pour moi l’occasion d’aborder la politique en matière de culture du département. 

La culture, une compétence facultative pour les Départements 

Il convient tout d’abord de saluer les initiatives du département pour une compétence qui n’est pas obligatoire mais ce que je voudrais souligner ce matin c’est le constat, depuis le terrain, que dans certaines de nos villes, tous les publics ne sont pas touchés comme il le faudrait par l’ensemble des propositions du conseil départemental.  Mais, si, à titre personnel, chacun de nous dans cette assemblée peut être amateur d’opéra, de concerts symphoniques, des écrits de Chateaubriand ou des œuvres de Zwoboda, notre mission est d’amener nos habitants, quel que soit leur degré d’éloignement de la culture classique à rencontrer d’abord la culture, puis progressivement la culture classique.  

L’éducation populaire pour être efficace passe sans doute par une accessibilité dans tous les sens du terme : à titre d’exemple, nul doute que dans nos villes plus éloignées, sauf celles qui sont près du lieu désormais choisi, il y a moins d’auditeurs pour le festival Chorus que lorsque les spectacles étaient proposés en plusieurs points du territoire. C’est difficile, sans aucun doute, de choisir entre un festival qui peut donner tout son éclat parce que les efforts sont ramassés sur un lieu et une apparente dilution sur plusieurs communes mais le hors-les-murs est l’une des pistes qu’il convient d’envisager pour aller au plus près des habitants. La seine musicale développe déjà du hors scène dans les lieux qui sont autour d’elle, je crois que ces initiatives remportent un vrai succès, mais il faudrait aller plus loin.

Dépasser la seule préservation du patrimoine

Bien sûr, il est important de protéger le patrimoine, ce que le Département fait parfaitement. Mais, est ce que des solutions mobiles pourraient être plus présentes dans les propositions liées aux grands lieux de la vallée de la culture par exemple ?

Cela semble peut être contradictoire, qu’on découvre la maison de Chateaubriand sans y aller. Mais la réussite des musées numériques dans les micro folies montre que c’est ainsi qu’on éveille l’intérêt et qu’ensuite on donne envie d’aller visiter un lieu, qui paraîtra plus familier parce qu’on s’y sera promené de façon virtuelle, parcourir une exposition parce qu’on aura déjà eu un aperçu de l’œuvre des artistes , et au passage obtenu un éclairage sur ses particularités depuis un lieu proche de chez soi.

Qu’est ce qui nous fait rêver d’aller découvrir les merveilles du monde ? C’est parfois un film, de fiction ou documentaire, un article, un questionnement posé au cours d’un jeu/concours …  Nous pourrions, toutes proportions gardées, utiliser à notre niveau, cette façon de donner de l’appétit pour les grands lieux du département. Pas pour nous, qui prenons volontiers la route pour y aller, mais pour que davantage d’altoséquanais aient ce désir de découvrir « en vrai » ces lieux.  

Des initiatives locales dont nous pourrions nous inspirer

Au niveau local nous nous demandons chaque jour comment atteindre tous les publics : nous y parvenons plus ou moins bien, par tâtonnements mais surtout en gardant notre curiosité ouverte sur tout ce que nous permet aujourd’hui le développement du numérique et des pédagogies.  

Et si on se questionnait aussi sur ce qu’est la Culture aujourd’hui ? On pourrait en fait presque mettre un S à ce mot. Être cultivé en 2024, c’est connaître certes notre passé, nos grands auteurs, les peintres renommés, les écoles de pensée, mais c’est aussi comprendre le monde dans lequel nous vivons. Une vraie place doit être donnée à la culture scientifique, technique, numérique, aux notions d’économie qui permettent de comprendre le fonctionnement des échanges entre les pays. Savoir qui est Pasteur, c’est bien mais approcher un peu de ce qui lui a permis de faire des découvertes, c’est mieux. Cela peut éveiller des vocations, faire dire à un jeune que la science, c’est accessible.

Je voudrais prendre l’exemple de ce que fait l’une de mes voisines, la ville de Gennevilliers, pour le domaine des mathématiques. Quand on entre dans une salle de Math’magic ou au jardin des maths, on a envie d’essayer toutes les activités proposées. On comprend certes de quels outils les pharaons se servaient pour calculer des proportions mais on se prend d’intérêt aussi pour tous les autres outils qui vont servir à cela au fil des siècles et pour les civilisations qui ont enfanté ces découvertes. Et la proportionnalité, c’est un mot abstrait mais cela sert dans nos vies au quotidien, à découper un gâteau comme à construire un immeuble.   

De même la ville de Rueil-Malmaison a proposé récemment une exposition sur Léonard de Vinci et ses découvertes. On pouvait y voir, sous forme de maquettes les machines extraordinaires pensées par de Vinci ; et on pouvait en toucher et faire fonctionner certaines d’entre elles. C’était à la portée de tous, bien plus que la simple exposition des magnifiques dessins de l’artiste. Cette exposition est prévue pour être facilement transportable d’une ville à l’autre. Voilà encore une piste à explorer. 

L’importance des pédagogies ludiques.

L’utilisation des pédagogies ludiques, le « aller vers » les centres d’intérêt naturels des populations que l’on veut atteindre sont des incontournables si l’on veut éveiller un maximum d’habitants à la culture. On peut amener à la découverte des peintres en parlant de l’eau, sujet écologique, des fleurs, de la science, etc.  À travers l’éducation artistique et culturelle. Il suffirait d’étendre un peu les sujets proposés par les parcours pour les collégiens.  

Et, au passage, cela éviterait que certains puissent croire à des « fake news », comprennent comment on peut aller vérifier une information et devenir un humain éclairé.  

On pourrait aussi imiter, dans d’autres lieux du territoire, même en moins ambitieux, car l’entretien du patrimoine est un poste de dépenses qui peut difficilement être diminué, ce que le département fait si bien dans la Vallée de la culture.  

Le département accorde généreusement son aide aux associations qui encadrent la pratique culturelle de façon professionnelle. Là aussi, est ce qu’il ne faut pas encourager les associations qui le font à titre d’amateur ?  En étant exigeants sur les demandes, on peut découvrir de nouveaux talents sur nos territoires.  Vous le faites à travers certains appels à projets comme celui sui l’Olympiade culturelle, que nous aborderons dans une autre délibération. Cela pourrait être davantage reproduit.  

Bref, vous l’aurez compris, même si certains de mes propos peuvent vous paraître éloignés des pratiques classiques, ma prise de parole est une invitation à faire toujours mieux en matière de culture mais surtout à faire aussi autrement, en explorant d’autres pédagogies qui ont fait leur preuve et en tissant des liens sur les parties du territoire Altoséquanais qui sont moins dotées par l’histoire de grands lieux de culture. Bien sûr, vous nous trouverez, en particulier dans le nord du département, à vos côtés, pour imaginer et mener à bien des initiatives en ce sens.  

Retrouvez le compte rendu complet de la séance plénière du 5 avril 2024 ICI.

La séance est à visionner en replay ICI.

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