NON à cette réforme des retraites injuste et brutale
Tribune de Lounes Adjroud parue dans Hauts-de-Seine magazine de mai 2023.
Depuis le début de l’année, notre pays vit une crise politique profonde. Celle-ci est le résultat de l’entêtement du Gouvernement d’Elisabeth Borne à vouloir faire adopter quoiqu’il en coûte, et ce malgré une opposition unanime des partenaires sociaux et de l’opinion publique, une réforme des retraites injuste dont l’effet principal pour tout le monde sera de les faire travailler deux années de plus.
Cette réforme brutale va venir frapper en premier lieu les femmes qui supporteront 60% des économies générées par la réforme. Elle va également cibler plus globalement nos concitoyens les plus précaires, celles et ceux qui même à 64 ans n’auront pas une carrière complète et devront malheureusement subir 2 ans de chômage ou RSA en plus avant de pouvoir ouvrir leurs droits à la retraite. Une humiliation de plus dont les Français les plus en difficulté n’avaient pas besoin en cette période de crise économique et sociale.
Évidemment, ces choix ne seront pas sans conséquences pour les départements qui devront in fine assurer la prise en charge des effets collatéraux dévastateurs de cette réforme qui vont venir impacter des personnes déjà fragilisées.
Ainsi, dans sa note à l’attention du Conseil d’orientation des retraites, la DREES table sur « une augmentation des dépenses de prestations sociales hors retraite et assurance chômage de l’ordre de 3,6 Md€ (0,14 point de PIB), concentrée sur les personnes de 62 et 63 ans » et prévoit une hausse de 30 000 bénéficiaires du RSA sur cette même tranche d’âge, soit un accroissement des prestations versées estimé à 150 millions d’euros.
Par ailleurs, à cela il faut ajouter les impacts induits par la réforme, auxquels les départements devront faire face. Sur le plan des ressources humaines, pense-t-on très sérieusement que l’on peut indéfiniment allonger la carrière des professionnels du sanitaire et social, dont les missions, si elles restent passionnantes, sont néanmoins impactantes pour les corps et les esprits de celles et ceux qui les exercent ?
Gouverner justement, c’est ne jamais oublier que derrière des textes de lois et des chiffres sur un tableau Excel, il y a des êtres humains qui, après quatre décennies de carrière, doivent pouvoir jouir d’une retraite méritée, et ce en bonne santé.