Traitement des eaux et assainissement, trajectoire d’adaptation au changement climatique, collège Les Renardières à Courbevoie (Najib Benarafa, séance plénière du 22 décembre 2023
23.179 – EAU – Assainissement Rapports délégataire 2022
La lecture de ce rapport annuel de la SEVESC en charge de la délégation du service public départemental de l’assainissement est riche en enseignements. Le montant des dépenses et investissements est impressionnant et semble à la mesure de nos besoins mais aussi de nos excès.
Je parle d’excès car si les sols du département avaient été moins artificialisés ou bétonnés, la nature pourrait absorber ces périodes de crues et d’orages sans que le contribuable n’ait à dépenser le moindre sou.
Aujourd’hui le réseau d’assainissement est devenu tellement complexe avec ses 600km de longueur qu’il faut toujours dépenser plus pour l’entretenir et le curer. Pire, pour gérer ce réseau de manière dynamique, une grosse partie de l’investissement est attribuée au domaine de l’informatique et du numérique, ce qui obligera toujours le Département à investir dans d’interminables mises à jours de logiciels, de matériels high-tech avec toujours un coût énergétique croissant, là où un sol perméable aurait effectué le travail gratuitement.
Les autres facteurs qui maintiennent la facture de l’eau à un niveau élevé sont liés aux conséquences du réchauffement climatique. La Seine et l’atmosphère restent deux enveloppes fluides qui interagissent entre-elles et régulent notre écosystème. En perturbant l’un et l’autre nous en subiront à terme le plus les conséquences en terme d’orages, de crues et d’équilibre avec la biodiversité. Il y aussi tous les polluants que les habitants ou les industries utilisent et qui se retrouveront tôt ou tard dans l’eau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a révélé en avril 2023 dans un rapport, la présence importante dans l’eau potable du bassin parisien de résidus d’un pesticide, le Chlorothalonil, très cancérigène. Les collectivités ne peuvent plus investir à l’infini pour filtrer et réparer ce que d’autres détruisent. Et c’est pareil pour les pollutions commises lors de négligences provoquées par les grands cimentiers comme Lafarge ou plus proche de nous Vinci. Il est temps que les vrais pollueurs de l’eau deviennent aussi les payeurs.
On nous demande de donner acte pour ce rapport, qui s’il est transparent dans l’utilisation de l’argent des contribuables, s’il a évité ou prévenu certaines pollutions, n’est pas prêt de nous garantir que nous pourrons nous baigner dans la Seine, ni à nous garantir que l’eau sera plus saine ni à nous démontrer que nous entrons dans une ère de sobriété qui fera diminuer l’empreinte carbone de ce service.
On nous demande de prendre acte du rapport annuel sur le prix et la qualité du service public de l’eau et de l’assainissement de 2022, et d’approuver le maintien pour l’année 2024 du montant de la part départementale de la redevance d’assainissement, ce qui pourrait apparaitre raisonnable en cette période d’inflation.
Mais si on voulait véritablement être dans l’esprit de Noël, il faudrait penser aux foyers qui se sont tellement appauvris qu’ils se privent de tout et pour qui le prix de l’eau n’est pas justifiable.
L’eau comme l’air sont des biens universels, car vitaux, on a tendance à l’oublier.
Aussi, je vous demande au nom de notre groupe de bien vouloir réfléchir à une mesure de bon sens : la gratuité des 10 premiers mètres cubes d’eau, un volume estimé comme étant la consommation vitale d’une famille de six personnes.
Si on en consomme davantage que la moyenne c’est normal qu’on en paye le prix mais un minimum d’eau doit être accessible pour tous.
Pour le département à raison d’1,6 millions de ménage, cela ne coûterait que 8 millions d’euros. Une goutte d’eau pour notre collectivité mais une avancée tellement essentielle pour cette ressource qui reste vitale.
Et s’il faut trouver des financements pour compenser cette perte économique alors demandons à toutes les entreprises productrices de polluants qui se retrouvent dans nos eaux et à toutes les industries qui ont artificialisés nos sols de prendre part à cette contribution. C’est aussi cela l’esprit de Noël.
Je sais que le prix de l’eau ne se décide pas seulement au niveau du département mais puisqu’on nous demande de prendre acte sur son prix et sur sa qualité, je pense que le département a le pouvoir d’enclencher cette réflexion surtout quand certains membres de plusieurs EPT sont aussi conseillers départementaux.
23.207 – ENVIRONNEMENT – Élaboration trajectoire adaptation changement climatique des territoires (TACCT)
J’ai tenu à prendre la parole, au nom de mon groupe écologiste et socialiste, car cette délibération représente les prémisses d’un tournant qui peut être décisif pour les Hauts-de Seine. Nous allons officialiser l’engagement politique manifeste du Département à conduire une démarche d’adaptation au changement climatique, qui s’inscrira pleinement dans sa politique, plus globale, de transition écologique et solidaire.
Je tiens donc à féliciter les services départementaux en charge de la transition écologique pour avoir répondu avec réussite à cet appel d’offre de l’ADEME, un organisme hautement qualifié, pour diagnostiquer les vulnérabilités et les opportunités de notre Département face aux conséquences climatiques. Mais aussi d’adapter les politiques, d’anticiper les risques et donc d’agir très concrètement.
Il s’agira d’avoir une politique de transition écologique ambitieuse et de réparer ce que le GIEC a qualifié d’injustice climatique. L’île de France d’après l’ADEME est particulièrement exposée à ces changements climatiques, le réchauffement moyen enregistré y est déjà de +2°C depuis 1950 contre +1,1°C pour le réchauffement global. Avec pour conséquence la fragilisation des écosystèmes naturels et des modèles économiques tout en touchant particulièrement les personnes les plus vulnérables. L’urbanisation et son étalement sont un facteur majeur de modification du climat local. La région parisienne est devenue à elle seule un îlot de chaleur induisant des températures pouvant être 10°C plus élevée la nuit qu’en zone rurale en période de canicule, avec une surmortalité atteignant plus +200% des habitants d’Ile de France. Entre 2014 et 2019 5500 décès sont la conséquence directe des canicules dans notre région.
A la dernière assemblée plénière je vous avais suggéré d’octroyer des aides aux habitats des particuliers qui se situent dans les îlots de chaleur pour qu’ils puissent s’adapter aux canicules. Aussi quand sera venu d’élaborer l’agenda 2030, nous espérons que vous agirez en priorité sur celles et ceux qui ne peuvent pas fuir la chaleur : les plus précaires et les écosystèmes naturels.
Oui, les quartiers populaires doivent devenir la géographie prioritaire de l’adaptation au changement climatique. Lors des dernières canicules, on a pu mesurer le cumul des difficultés qui rend le dérèglement climatique plus difficiles à vivre dans les quartiers populaires : précarité des habitants, mauvaise isolation des logements, difficultés d’accès aux espaces verts et à l’eau de rafraichissement, densité d’occupation des logements et des espaces collectifs ce qui crée des conflits d’usages sachant qu’en plus le taux de départs en vacances de cette population reste beaucoup plus faible. Ces quartiers ont donc besoin d’une politique volontariste d’adaptation au réchauffement climatique. Les acteurs de la transition ne doivent pas rester les grands absents des contrats de ville.
Deuxième point la résistance et la résilience de la biodiversité du département.
L’augmentation des températures et de l’évapotranspiration tout comme la diminution de l’enneigement sont des paramètres de raréfaction de la ressource en eau, et ce sont d’abord nos espaces naturels qui vont en souffrir. Pour accompagner l’évolution de la biodiversité face à un climat plus chaud et plus sec, il faudrait sans doute créer des corridors de végétalisation qui s’étendront du sud au nord du département, d’une boucle de la Seine à une autre rive à l’ouest. Nos rares forêts et nos zones humides servent de refuge à la biodiversité, il est essentiel de les protéger et d’accélérer la reconquête de nouveaux territoires désartificialisés. La biodiversité aura besoin de nous car nous aurons aussi besoin d’elle pour revégétaliser et nous protéger de la chaleur. La résilience du territoire francilien dépend aussi de la santé de sa biodiversité.
Sachez, pour finir, et je me répète, que l’engagement politique manifeste du Département à conduire une démarche d’adaptation au changement climatique selon une stratégie accompagnée par l’ADEME, me réjouis au plus haut point. Et que si vous créez une commission spéciale pour superviser cette démarche, des représentants de notre groupe seraient ravis de la rejoindre.
23.162 – COLLEGES – Sectorisation des collèges – Courbevoie – Les renardières et Georges Seurat
La sectorisation provisoire du collège des Renardières a été travaillé finement par les services départementaux, je ne remets pas en cause ce travail mais plutôt l’enchaînement des événements qui ont conduit à cette sectorisation et ses conséquences.
Tout d’abord il y a nouvelle sectorisation, parce qu’un collège réhabilité à neuf il y 14 ans à peine pour plus de 2 millions d’euros, va être rasé pour être reconstruit. On connaît tous la séquence ERC « éviter, réduire, compenser » qui a pour objectif d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pu être suffisamment évitées et, si possible, de compenser les effets notables qui n’ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits.
Je sais que cette destruction du collège Renardières entre dans un plan plus vaste de construction de l’école européenne et d’aménagement du quartier mais même si vos communicants vont dire que cette stratégie vise diminuer par deux l’empreinte carbone d’ici 2030 du quartier Paris la Défense. En choisissant de détruire un collège réhabilité avec un bon diagnostic énergétique pour le reconstruire, je ne peux pas croire que c’est une bonne affaire écologique et économique pour le département. Ce ne sera pas non plus une réussite éducative. Tous les projets réalisés sur le bâti ou la biodiversité par les éco-délégués vont disparaître. En juin 2023 dernier, les collégiens inauguraient une fresque de 10m qu’ils ont eux-mêmes réalisé, intitulée « le mur de la fraternité ». Que va-t-il rester de cette fraternité ? Pire, une bonne partie des équipes enseignantes qui sont le gage de stabilité et de réussite d’un collège risque de partir car le collège va perdre en effectif et nombre de ces enseignants ne va pas vouloir rester 4 ans dans une construction éphémère et probablement moins confortable.
Car en plus de la démolition du gymnase et du collège Les Renardières, de la démolition de l’école élémentaire Malraux, de la construction du collège définitif et de l’Ecole européenne, il y a le problème de la construction du collège provisoire. Les jeunes Courbevoisiens concernés, et notamment les collégiens, poursuivront leur scolarité, à partir de la rentrée 2025, dans des locaux préfabriqués, installés sur le terreplein central de l’avenue Gambetta de Courbevoie.
Je sais que le service communication n’a pas parlé de préfabriqués mais de « locaux modulaires confortables et performants », mais une partie des représentants du personnel du collège les Renardières mais aussi des parents d’élèves et de l’équipe pédagogique sont inquiets. Inquiets parce que l’avenue Gambetta, qui relie La Défense au centre-ville semble très fréquentée et pourrait être source de pollution sonore et source de pollution aux particules fines. Je sais que le Département a toujours été soucieux du bien-être des collégiens, je sais aussi que ma collègue Mme Lederman y est particulièrement attachée et je ne mets pas en doute sa sincérité. Aussi à défaut de vous faire renoncer à ce projet peu écologique de détruire un collège fonctionnel, pouvez-vous rassurer la communauté éducative du collège les Renardières sur la future qualité de l’air, de la future quantité de vibrations et de la future fréquence sonore auxquels ils vont être soumis dans ce collège provisoire en question ?
Retrouvez la compte rendu de la séance ICI.