Réforme du RSA : la bâton n’est pas la solution
Tribune de Joaquim Timoteo parue dans le numéro juillet-août 2023 de Hauts-de-Seine Magazine
Principal instrument de lutte contre la pauvreté, le revenu de solidarité active (RSA) est attribué à plus de deux millions de foyers sur la base d’une allocation très insuffisante pour vivre (607 € pour une personne seule, 1 094 € pour un couple avec un enfant). Le projet de réforme en cours prévoit de mettre en place un dispositif conditionnant le versement du RSA à l’effectivité d’une période de 15h à 20h d’activité par semaine.
Qu’il faille aller vers un accompagnement renforcé des allocataires, nul ne le conteste. Mais plutôt que de considérer que les allocataires seraient les seuls responsables de leur situation, c’est un véritable plan de financement de leur insertion qu’il faut impulser. Notre groupe ne cesse d’ailleurs de le réclamer pour les allocataires altoséquanais, face à la faiblesse du budget départemental alloué.
La complexité des parcours de vie d’un allocataire du RSA témoigne de la nécessité d’aborder chaque personne avec une approche globale et personnalisée. L’éloignement de l’emploi révèle souvent une multitude de raisons singulières : absence de logement, besoin de garde d’enfant, difficultés de mobilités, soucis de santé, fragilité psychologique, handicap, manque de formation. Ces difficultés qui peuvent se cumuler ne rendent pas «mécanique» l’accès et le retour à l’emploi.
Plutôt que des sanctions contre l’allocataire, sans effets sur son insertion, il faut instaurer un droit opposable à l’accompagnement pour que les moyens nécessaires puissent être mis en œuvre. L’État doit par ailleurs compenser à sa juste hauteur le coût de la prise en charge des allocataires et de l’ensemble des compétences qu’il a déléguées aux collectivités locales.
Le versement du RSA fait déjà l’objet de contrôles poussés et périodiques contrairement à nombre d’aides publiques aux entreprises et plutôt que de partir en guerre contre les pauvres, c’est contre la pauvreté qu’il faut mener le combat. C’est contre le non-recours qu’il faut lutter quand on sait qu’un tiers des allocataires potentiels n’en fait pas la demande. C’est contre l’abandon des moins de 25 ans à la précarité qu’il faut agir en ouvrant le bénéfice du RSA dès 18 ans.