Pour l’autonomie énergétique du département
Tribune de Najib Benarafa parue dans le numéro de janvier-février 2023 du bi-mensuel Hauts-de-Seine Magazine.
En 2022 le monde aura rejeté plus de CO2 qu’il n’en a jamais émis dans son histoire. Pourtant les signaux de détresse sont partout dans la nature et la société. Qu’il s’agisse de la sécheresse, des incendies, des inondations, des hausses des températures, des conflits sociaux ou de l’extinction des lumières et des espèces.
Outre les dégâts infligés à notre planète, le changement climatique menace de défaire le tissu social et de saper les fondations mêmes de la démocratie. Le récit du dérèglement climatique, par l’inaction des décideurs, s’est transformé en histoire apocalyptique alors que c’est une opportunité pour le changement, la symbiose et la régénération.
Les solutions actuelles qui ralentissent nos émissions de gaz à effet de serre sont louables mais quand on va dans le mur, décélérer n’est pas la solution. Il faut changer de direction.
Si nous modifions notre point de vue et si nous considérons que le réchauffement climatique comme une invitation à bâtir, à innover à tout changer, 2023 peut nous ouvrir la voie de la créativité et de la coopération.
Plutôt que d’investir dans l’immobilier, le département pourrait faire le pari de l’autonomie énergétique de notre territoire par des microturbines hydroélectriques pour exploiter l’énergie cinétique de la Seine, par la géothermie, par le photovoltaïque sur les toits des collèges, tout en rendant plus flexible le réseau pour adapter la production à la demande. Il peut contribuer à faire des villes des espaces régénérateurs pour l’air, l’eau, les pollinisateurs, la flore, la faune et la séquestration du carbone.
Cela passe par l’utilisation des voies départementales pour créer des couloirs de biodiversité et une révolution en matière d’ingénierie et de conception pour nos industries. En favorisant les entreprises au zéro déchet dans le département, le contenu de nos poubelles deviendra précieux et rendra obsolète la valorisation actuelle des déchets par l’incinération peu écologique.
Les flux d’énergie et de matière que nous produisons doivent cesser d’être gaspillés à l’excès, il est temps d’imiter les écosystèmes des prairies ou des forêts où tout déchet se réutilise, se recycle ou se transforme en nutriment pour une autre forme de vie. C’est notre vœu.