MDPH : numérique et accès aux droits 

Tribune de Joaquim Timoteo dans le magazine HDS n°8, novembre-décembre 2025.

On nous promet depuis des années que le numérique va simplifier la vie des citoyens. En théorie, tout est plus rapide, plus accessible, plus « fluide ». En pratique, la réalité est tout autre.  

Le numérique peut être un formidable outil mais quand la dématérialisation devient la seule porte d’entrée, elle se transforme en barrière et derrière l’écran, des milliers de personnes se heurtent à des murs invisibles. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans trop de services publics, à commencer par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). 

La numérisation des dossiers devait permettre un meilleur suivi, un traitement plus rapide. Or, dans notre département, des milliers de dossiers restent bloqués avec des délais de traitement parmi les plus élevés d’Ile-de-France : 8,7 mois en moyenne contre 4,1 mois en Seine-Saint Denis. Une cyberattaque survenue au printemps dernier a malheureusement aggravé le problème en coupant l’accès aux logiciels-métiers de la MDPH et des autres services de prestations sociales. Six mois plus tard, beaucoup d’usagers attendent encore une réponse.  

Aujourd’hui certaines familles restent sans nouvelles 16 mois après leur demande, alors que le délai maximum ne devrait jamais aller au-delà de 4 ! Comment parler de progrès quand une panne informatique ou une faille de sécurité peut ainsi suspendre des vies ? Le numérique ne doit pas remplacer le service public : il doit le renforcer. C’est un outil, pas une politique. 

Alors, faisons autrement. 

Rétablissons des guichets physiques partout où c’est possible, avec des agents formés et présents. 

Garantissons des financements pérennes à la MDPH et aux services sociaux, pour qu’ils aient les moyens humains et techniques de fonctionner alors même que la Région Ile-de-France vient brutalement de retirer sa subvention annuelle à la MDPH92 ! 

Assurons la sécurité et la résilience de nos systèmes, pour qu’aucune cyberattaque ne prive des personnes de leurs droits. 

Face à la dématérialisation sans discernement, notre responsabilité d’élus est claire : garantir l’accès de chacun à ses droits, partout, tout le temps. Le service public ne doit pas devenir un privilège réservé à ceux qui savent cliquer au bon endroit… 

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