Le temps de l’écologie
Tribune de Najib Benarafa pour le HdS Mag de mai-juin 2024
La relation au temps est un des fondements de la motivation politique. La réhabilitation, par exemple, du mythique stade Yves du Manoir de Colombes qui va accueillir une seconde fois les jeux olympiques s’inscrit dans la durée. Le fort investissement du département, qui a misé sur la transmission historique, la durabilité écologique du site et l’héritage pour les associations, les sportifs altoséquanais et les collèges alentours en est une illustration.
Un calendrier permet aussi de se fixer des objectifs. Avec l’Agenda 2030, le département s’engage à structurer sa politique dans les axes du développement durable, ce qui réjouit notre groupe. Nous appelons depuis toujours à une économie qui ne serait plus basée sur le profit mais qui préserverait la santé de la biosphère et bénéficierait aux générations futures.
En politique, il faut voir le temps long pour anticiper et protéger. Protéger notre démocratie, et notre environnement. Les corrections du Marché peuvent paraître menaçantes, mais quand on observe les tendances de certaines fluctuations, on doit davantage s’alarmer : baisse de la participation aux élections, montée du fascisme dans toute l’Europe, baisse du niveau scolaire, montée des intelligences artificielles, hausse inexorable des températures et disparition inquiétante des insectes et des oiseaux…
L’écologie politique prend en compte ces pulsations et tente de les ajuster à notre économie dont le rythme actuel est incompatible avec celui de la nature. Il faut 100 à 1000 ans pour former seulement 1 cm d’épaisseur de sol, il faut un demi-siècle pour qu’une molécule de dioxyde de carbone, gaz à effet de serre, émise dans l’atmosphère soit recyclée, il faut 450 ans pour dégrader une bouteille plastique à usage unique. Incompatible aussi avec le rythme social. L’inflation et la crise immobilière ont augmenté la pression exercée sur les classes moyennes les petites retraites, et les étudiants; tout en appauvrissant les collectivités.
Le temps présent est celui de l’urgence et de l’action. L’urgence climatique et sociale exige de réorienter les financements publics vers tout ce qui rend notre société plus durable et résiliente, avec une fiscalité plus juste et une économie régénérative.