Interventions de Najib Benarafa

Séance plénière du Conseil départemental des Hauts-de-Seine du 14 octobre 2022

PATRIMOINE – Stratégie patrimoniale – Acquisition SoWork

Je vous remercie de nous avoir fait partager la stratégie patrimoniale du département. En réalité au-delà de vouloir regrouper différents pôles du département ce que vous nous proposez c’est surtout une stratégie d’investissement immobilière pour l’indépendance financière à long terme du département. Stratégie risquée car il s’agit d’un des plus gros investissements du département et que vous avez fait des projections jusqu’en 2076 pour estimer une rentabilité très favorable de ces acquisitions. 

 2076, personne ne peut, surtout en économie faire des projections fiables à si long terme. Pour des projections sur des périodes si longues les seuls que je connaisse qui ne se soient pas trompés ce sont des scientifiques qui se basent sur des lois physiques. Je parle des scientifiques du GIEC. Ceux-là même qui estiment qu’en 2076 le scénario de température le plus probable sera à +3 ou 4°C en moyenne au niveau mondial. Sachant qu’au niveau de la France, on pourrait même atteindre +5°C. Et le réchauffement climatique mondial va bouleverser le climat économique et donc ces prédictions. 

Risque d’autant plus grand que l’achat de l’immeuble SoWork semble peu rentable à long- terme. C’est un immeuble conçu pour le Coworking, pas sûr que cet espace sera exactement adapté aux besoins du département. Même en transition il faudra faire des aménagements.  Quant à sa rentabilité future par la location, elle reste inférieure à celle de l’investissement d’après vos projections.  Il faudra d’ailleurs, dans 12 ans, trouver un acquéreur pour un bail emphytéotique pour cet immeuble conçu uniquement pour accueillir des bureaux, à l’heure où le télétravail se développe de manière exponentielle. D’ailleurs l’ERAFP le propriétaire qui avait rénové SoWork juste avant la crise Covid n’a jamais pu réaliser de bénéfices après celle-ci d’après ce que j’ai compris. 

Quant à l’idée de regrouper tous les sites en un seul pour mieux optimiser le fonctionnement du Département, c’est un choix. La raison la plus fréquente pour initier une centralisation est de réduire les coûts ou les effectifs ; mais il en résulte aussi souvent des pertes de spécialisation de certains services. Les ressources ne savent après plus qui appeler et ce sont les usagers qui peuvent se retrouver perdants. Il faudra donc être vigilants. Et profiter de cette restructuration pour innover de nouvelles formes de management : une centralisation peut aussi être l’occasion de créer de nouvelles relations entre les membres du département à condition qu’on laisse plus d’autonomie aux employés et que le nombre soit au service de l’intelligence collective plutôt qu’à une hiérarchie trop verticale.  

Compte tenu de l’investissement j’espère de tout cœur que la conception de ce nouveau Pôle Léonard de Vinci, sera également innovante et sobre c’est à dire bio-inspirée. Leonard de Vinci dans ses inventions s’inspirait beaucoup de la nature, c’est ce que l’on appelle aujourd’hui le biomimétisme. Et il avait raison le vivant construit à température ambiante, il est économe en énergie, le vivant utilise des ressources locales, mise sur la biodiversité, et ne produit pas déchets qui ne trouve pas d’acheteur. En réutilisant les matériaux de construction le Département est exactement dans ce principe, mais nous aimerions avoir une estimation du bilan Carbone de toute cette vaste entreprise. Car aujourd’hui c’est en étant dans la sobriété que l’on devient innovant. 

COLLEGES – Dotations prévisionnelles de fonctionnement – Année 2023

Monsieur le Président, 

Nous approuvons cette dotation pour cette année car le Département est soucieux de répondre aux besoins des collèges et les nombreux dispositifs au service de la pédagogie et des collégiens le prouve. En revanche je suis inquiet pour le bien être des acteurs centraux de ces dispositifs, à savoir les enseignants. 

A l’heure où les enseignants sont dépréciés par des salaires de 25% inférieurs à ceux des fonctionnaires de catégorie A et en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE alors qu’ils ont été recrutés sur concours à Bac +5 et que l’inflation est galopante. A l’heure où les enseignants ont été méprisé par leur employeur, l’éducation nationale, qui ne leur a octroyé aucune prime Covid, et qui ne leur donne pas droit à une médecine du travail alors qu’ils sont confrontés à un public de plus en plus difficile. A l’heure où nous sommes face à une crise de vocation, de recrutement et de démission sans précédent, notre département qui est au service de l’éducation et du bien-être des collégiens doit faire maintenant quelque chose pour leurs professeurs. 

Je souhaiterais donc que notre département crée une subvention spéciale dédiée uniquement au bien-être des enseignants. Cette subvention dont les limites serait à définir, serait attribuée à tout projet émanant d’un groupe d’enseignants avec l’accord du Principal, qui souhaiterait des aménagements de leur salle des professeurs pour acheter du mobilier ou effectuer des travaux de réaménagement pour le confort des utilisateurs. Je sais que vous allez me dire, ils n’ont qu’à demander. Mais la plupart du temps les équipes pédagogiques n’osent pas demander des choses pour eux, pour leur confort, ils le font plus pour leur pédagogie. Mais si on veut conserver des enseignants compétents, il faut prendre soin d’eux, il faut leur donner envie de construire dans leur établissement et dans tout le département des projets qui seront bénéfiques aux enfants et donc à l’attractivité de notre territoire. Le groupe écologiste et socialiste approuve donc cette dotation et souhaiterait que pour l’année prochaine un groupe de travail soit créé pour définir les contours d’une subvention spéciale dédiée au confort des enseignants dans les collèges du département. 

DEVELOPPEMENT – ADAS – Rencontres nationales du tourisme fluvial – Convention 2022

Rien à dire pour subventionner cette rencontre sur le tourisme fluvial. La Seine a un potentiel extraordinaire mais ne commettons pas les mêmes erreurs que par le passé. Le développement économique et touristique d’un territoire se fait souvent aux détriments de l’environnement. 

Le département est en train de dépenser des millions dans le traitement de l’eau pour pouvoir à l’horizon 2024 se baigner dans la Seine, or on sait aussi combien les navettes ou même les navires de croisière, même fluviaux, peuvent être polluants.  

Ces rencontres sur le tourisme fluvial seront donc l’occasion d’établir une convention avec les partenaires sur le choix des prestataires en fonction de leur bilan carbone, de l’énergie utilisée par ces bateaux et de leurs déchets, sans quoi les contribuables vont encore payer pour réparer ce que d’autres ont détruit. La Seine si elle devient à nouveau propre à la baignade doit le rester et nous devons être vigilant pour protéger ce bien commun qui est l’eau. 

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