Intervention sur la revalorisation du contrat de restauration scolaire ELIOR
Monsieur le président, chers collègues,
Dès le début de notre mandat notre groupe était intervenu pour dire combien nous étions contre le recours à un contrat de concession pour la gestion et l’exploitation de la restauration scolaire des collèges du Département.
Les faits nous ont donné malheureusement raison :
- Une rentrée difficile en termes de qualité et d’approvisionnement des repas
- Moins de souplesse pour les gestionnaires qui ne peuvent plus gérer le personnel d’entretien et de nettoyage, puisqu’ils appartiennent désormais à Elior
- Une communication désastreuse avec les parents d’élèves. Aujourd’hui, par exemple, Elior a recours des huissiers de justice pour des impayés de repas de quelques euros qui sont en fait des erreurs du prestataire et qui pourraient être réglées après un simple mail ou coup de fil.
Nous voilà désormais tributaires d’un contrat avec un opérateur privé, dont l’objectif final est de dégager un bénéfice, ce qui n’est pas le rôle du service public aux élèves des collèges des Hauts-de-Seine.
On nous demande aujourd’hui d’approuver un protocole transactionnel pour indemniser la société Elior au titre de son déficit d’exploitation imputable à la crise sanitaire liée à la COVID-19. 1,5 millions d’euros seront à reverser par le Département, alors qu’Elior a déjà bénéficié du chômage partiel et d’un prêt garanti par l’Etat de plus de 200 millions d’Euros. C’est beaucoup. Mais admettons, si cela permet d’éviter des contentieux juridiques encore plus coûteux.
En revanche la demande de revalorisation des conditions tarifaires du contrat de concession (pourtant signé il y a à peine 1 ans alors que l’entreprise avait connaissance de l’inflation lors de la remise de l’offre), pour compenser les augmentations sur les denrées alimentaires nous paraît indécente.
Indécente parce qu’Elior est une entreprise mondiale qui enregistre un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’Euros, qui n’a pas hésité pendant des années, y compris en 2020, pendant le confinement, à avoir un taux de distribution à ses actionnaires de 40%, et à rémunérer en général ses dirigeants du CAC40 plus de 1 million d’euros, avec des primes pouvant monter à 10 millions. C’est une entreprise qui profité de la crise pour se restructurer en licenciant près de 1900 personnes en 2021 alors que pendant des années elle a profité de plus de 100 millions d’aides publiques à travers le CICE, les réductions Fillon ou zéro cotisations Urssaf, les crédits d’impôts d’apprentissage, de mécénat ou de crédit d’impôt famille.
Et là, ne soyons pas dupe, maintenant qu’elle a remporté une partie du marché auprès du Département, Elior vient nous faire croire que l’inflation est un événement exceptionnel et imprévisible pour elle, alors qu’elle a elle-même participé, comme toutes les entreprises du CAC40, à cette inflation. Pour la BCE c’est l’inflation des dividendes versées par les grands groupes à leurs actionnaires qui a augmenté en moyenne de 28% quand les salaires n’augmentaient que de 3,8% qui est responsable de cette inflation.
En réalité Elior veut nous faire rembourser ses placements hasardeux, sa dette, la chute de la valeur du cours de son action ainsi que sa générosité envers ses actionnaires et ses dirigeants à l’origine de cette même inflation.
Voir le CAC 40 en pleine santé alors que la fracture est en train de s’aggraver dans notre société à cause de l’inflation n’est plus possible.
Qu’Elior demande au département de verser l’équivalent de 320 000 €/an d’argent public pour compenser ses mauvais calculs de prévisions sur l’inflation des denrées alimentaires est indécent alors que dans le même temps, pour des raisons de recapitalisation, l’ancien directeur général d’Elior qui a été démis de ses fonctions cette année va toucher en deux ans plus de 2 millions d’Euros grâce à une clause de non concurrence. C’est indécent.
Nous voterons donc contre cet avenant car nous refusons que l’on mette une pièce de plus dans cette machine où tout le monde est perdant sauf quelques privilégiés. L’argent public doit être dépensé pour le service public ou pour ses agents, ou pour la transition écologique, par pour revaloriser des actionnaires qui ne représentent que 7% de la population française ou des dirigeants aux salaires indécents et encore moins pour un service qui n’a pas encore fait ses preuves.
- Retrouvez la coçmpte rendu complet de la séance plénière du Conseil départemental du 7 juillet 2023 ICI.