Plan pour la réussite éducative et une meilleure insertion scolaire (PREMIS) – Année scolaire 2024/2025

Intervention de Najib Benarafa lors de la séance publique du Conseil départemental des Hauts-de-Seine du 20 décembre 2024.

Monsieur le Président, chers collègues, 

Le dispositif PREMIS, comme vous l’avez souligné dans ce rapport, existe depuis longtemps. Et c’est cette stabilité année après année qui a fait son succès puisque, presqu’un quart des collèges du département en bénéficiaient. 

 J’insiste sur cette stabilité car c’est quelque chose qui est devenu rare dans l’éducation nationale. 

Pour vous donner une idée, entre 2017 et 2022, le code de l’éducation a été modifié par 47 lois, 9 ordonnances, et 238 décrets qui ont conduit à 111 versions de la partie législative du code de l’éducation, et 188 versions de sa partie règlementaire. Si on résume, les articles du code de l’éducation ont été transformés avec un rythme moyen, d’une modification tous les 7 jours ! 

 Je ne parle même pas du nombre de ministres de l’éducation nationale qui se sont succédés depuis seulement 2 ans. 

A côté de cette instabilité les dispositifs du département comme PREMIS permettaient aux enseignants engagés d’avoir des repères fiables sur lesquels s’appuyer pour organiser leurs projets. 

Cette année ce dispositif qui avait trouvé preneur dans 21 établissements, ne s’adressera plus qu’à 9 collèges en éducation prioritaire. Vous avez retiré un dispositif qui fonctionnait bien à la moitié des collèges qui le demandaient alors que nous sommes à une époque où ils en ont le plus besoin. 

Vous justifiez ce renoncement pour 3 raisons : 

1) par l’arrivée de nouveaux dispositifs proposés par l’Etat comme le Pacte,  

2) par la volonté de concentrer les aides uniquement sur les collèges REP et REP+ 

3) par la nécessité pour le département de faire des économies, 

Ces 3 raisons, méritent d’être débattues : 

Premièrement : Vous dites que l’Etat a mis en place des dispositifs similaires et que PREMIS ferait donc doublon. Sur le papier c’est vrai, par exemple le PACTE enseignant pourrait remplacer PREMIS. Sauf que le nombre de pactes fluctue d’une année sur l’autre. Cette année par exemple, le nombre de pactes attribués à chaque collège a été divisé par deux en l’espace d’un an.  

Donc les collèges cette année ont dû faire le choix entre des projets qui ont été initié avec un Pacte l’an dernier et les projets qui ont toujours été financés par Premis autrefois.  Mais comme il n’y a plus assez de Pactes. Leur projet a été abandonné.  

Et c’est souvent comme ça, quand le département crée un dispositif pour aider les élèves en difficulté, l’Etat en profite pour diminuer le nombre d’heures dédoublées et la dotation horaire globale des établissements. 

Et maintenant vous faites pareil, cette fois c’est l’éducation nationale qui ajoute un dispositif volatile, comme le Pacte, et c’est le département qui se désengage en partie. C’est donc un jeu à somme nulle où les enseignants qui ont besoin de stabilité pour leurs projets et les élèves en difficulté sont toujours perdants.  

Au lieu de cumuler pleins d’outils à disposition pour que les enseignants volontaires et créatifs, puissent utiliser leur liberté pédagogique pour améliorer localement les choses en manière éducative, on change à chaque fois les règles du jeu, on crée de l’instabilité. Jusqu’à ce qu’au final tous ces dispositifs disparaissent ou que les professeurs renoncent à s’engager pour quelque chose qui n’est pas pérenne car c’est beaucoup d’investissement. Et quand je pense à Premis je pense toujours à ces enseignants qui prennent des élèves chaque année au collège Gay Lussac de Colombes pour fabriquer un petit bateau à voile. Cette année Gay Lussac avec pourtant un IPS faible de 94 n’est pas un collège REP et ne peut plus bénéficier du dispositif PREMIS. 

Deuxième raison, vous souhaitez concentrer les aides pour les collèges en éducation prioritaire.  Sauf que PREMIS au départ, est un dispositif à destination des élèves inhibés, en retrait, et démotivés, or ce genre de profil se retrouve dans de nombreux collèges non REP. Par exemple dans les établissements où il y a une grande mixité sociale : il arrive donc que le collège ne soit pas en REP mais que dans de nombreuses classes certains élèves proviennent de milieux très défavorisés qui auraient bien eu besoin de ce dispositif d’accompagnement. Je pense au collège de Paparemborde à Colombes dont la mixité sociale est importante et à qui on a retiré PREMIS à la rentrée 2024. 

Troisième argument, l’argent Vous avez souvent évoqué le prétexte des économies, car les recettes ont diminué. Le Département va économiser 300 000 € environ par rapport à l’an dernier, sauf que la situation a changé. Grâce à la censure du ministre Barnier et de son budget qui voulait ponctionner les territoires vous venez d’économiser 30 millions d’Euros ! Un peu grâce à nous, donc. 

Un resserrement plus égalitaire ?

Plus sérieusement, je comprends que le département souhaite ne concentrer le dispositif PREMIS que sur les collèges en réseau d’éducation prioritaire. 

Cela peut sembler plus égalitaire au premier abord. Mais il y a des collèges qui ne sont pas en REP et dont l’IPS est faible c’est-à-dire inférieur à 100.  

Monsieur le Président, je sais que vous êtes attaché à ne pas créer d’injustice ou de faire peser des économies sur les populations les plus pauvres ou sur l’éducation aussi, nous aimerions que vous fassiez un geste pour maintenir le dispositif PREMIS au moins pour ces collèges-là. 

Ces établissements sont au nombre de 6, ils ne sont pas classés REP mais leur IPS est inférieur à 100 : il y en a 3 à Asnières, 2 à Clichy, 1 à Colombes et 1 à Gennevilliers qui a même un IPS inférieur à 90, et eux aussi concentrent un grand nombre d’élèves en difficulté scolaire nécessitant une prise en charge personnalisée. 

Rétablir le dispositif PREMIS pour ces 6 établissements, s’ils le demandent, serait donc socialement juste, aurait un faible impact économique pour le département, probablement moins de 100 000€, et apporterait à la fois de la stabilité pour les équipes pédagogiques porteuses de projet mais aussi une reconnaissance pour le travail qu’ils ont accompli depuis des années grâce à ce dispositif. 

Je vous remercie. 

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