Création de la SEM Énergies renouvelables 92 : quels enjeux, quelles priorités ?
Intervention de Najib Benarafa lors de la séance plénière du Conseil départemental du vendredi 5 juillet 2024.
Monsieur le Président chers collègues,
Le terme de transition énergétique a tellement été utilisé ces dernières années pour verdir des projets qui répondaient aux nouvelles normes environnementales qu’on en a oublié le sens profond. La transition énergétique c’est aller vers un modèle énergétique qui permette de satisfaire de manière durable, équitable et sûre (pour les hommes et leur environnement) les besoins en énergie des citoyens et de l’économie française dans une société sobre en ressources naturelles, en énergie et en carbone »
Avec la création de cette SEML Energie92, qui se concrétise, le Département des Hauts-de-Seine entre enfin dans une véritable transition énergétique parce que cette structure va permettre non seulement l’accélération du déploiement des énergies renouvelables pour toutes les communes du 92, mais devrait être économiquement rentable et profitable à tous.
Ce n’est pas faute de l’avoir répété depuis des années, mais le photovoltaïque est la source d’énergie la moins chère actuellement et certainement la plus rapide à installer. Si les usagers peuvent aussi profiter d’une électricité à bas prix, ce sera encore plus une réussite. Je ne parle même pas des avantages à utiliser une énergie locale renouvelable sans déchets et décarbonée à l’heure où le réchauffement climatique s’accélère.
Idem pour la géothermie, c’est un gisement encore sous-exploité qui, une fois déployé permet d’être rentable en à peine une dizaine d’année tout en ayant une visibilité sur les coûts pendant près de 60 ans. Et ça c’est inestimable. On peut chauffer des dizaines de milliers d’habitations sans être, comme c’est le cas actuellement, à la merci des variations du coût du pétrole ou du gaz. On peut donc en maîtriser le prix de l’énergie consommée par les communes et lutter contre la précarité énergétique et cela est inestimable.
Il faudra cependant être écologiquement vigilant avec l’utilisation des énergies de récupération. La valorisation des déchets ne doit pas se faire aux détriments de la pollution de l’air, de l’eau et de la destruction de la biodiversité. Le département s’est donné l’opportunité de pouvoir contrôler ce type d’industrie. Et dans ce domaine il n’existe pas de rentabilité économique si elle se fait aux détriments de l’environnement et des habitants, car ce sera au département de dépenser pour réparer ce qui a été détruit.
Il ne s’agit pas de définir de nouvelles normes mais de veiller à avoir l’ensemble des acteurs locaux de son côté. J’ai lu que l’Assemblée générale en session ordinaire peut, sur la proposition du Conseil d’administration, procéder à la nomination de censeurs qui prennent part aux débats et assistent avec voix consultative aux séances du Conseil d’administration. Y inclure des représentants d’associations environnementales locales et des écologues permettrait peut-être d’éviter certaines erreurs ou de créer un consensus sur les bénéfices par rapport aux nuisances éventuelles.
La coopération entre les communes entre le public et le privé et entre les habitants du territoire sera la clé de la réussite de cette SEM.
Il est précisé en annexe du rapport que le Conseil d’administration de la SEM Energie 92 établira un Plan d’actions Environnemental, Social et Gouvernance, dit ESG, avec un rapport Annuel ESG qui identifiera les actions mises en place par la Société. Il faudra veiller à ce que ce plan ESG inclue des études d’impact et des évaluations après réalisation afin d’améliorer toujours plus les process tout en tenant compte de l’écosystème local.
Il faudra aussi prendre en compte l’écosystème global, si on veut que cette SEM Énergie soit source d’innovation et de redéploiement industriel français. En favorisant par exemple l’achat de panneaux solaire bas carbone fabriqués en grande partie en France ou en Europe pour que cette filière rattrape son retard sur la Chine.
Pour finir, il ne faut pas oublier que la définition de transition énergétique inclue la notion de sobriété, qui est un domaine dans lequel notre département doit encore faire mieux. Autrement tous les efforts de solidarité entre les communes pour tendre vers une autonomie énergétique seront vains.