Un plan Mobilités Ile-de-France pas à la hauteur des enjeux et qui manque d’ambition
Intervention de Dominique Trichet-Allaire lors de la séance plénière du Conseil départemental des Hauts-de-Seine du 18 octobre 2024.
M. Le président, mes chers collègues,
Mercredi, Paul Varry, cycliste âgé de 27 ans a été percuté volontairement par un automobiliste qui, au volant de son SUV, a accéléré et l’a écrasé. Paul Varry, militant à l’association Paris en Selle, avait fait de la place du vélo dans la ville un véritable combat et ce contre quoi il se battait l’a tué. Je souhaiterais que nous ayons tous une pensée pour lui.
Alors oui, la question des mobilités et de leur avenir est plus que centrale : elle touche aux enjeux de sécurité, de santé et de qualité de vie, mais aussi aux enjeux climatiques, environnementaux, et sociaux.
La délibération conclut à des prescriptions – je cite – « inacceptables en l’état ». Et c’est pour cela que l’avis est assorti de réserves mais vous nous proposez tout de même une approbation. Et là, nous avons une divergence car nous aussi nous avons des réserves. Beaucoup de réserves.
« Le projet de plan des mobilités arrêté par la Région comporte donc des prescriptions aux conséquences sur le fonctionnement et l’aménagement du réseau routier départemental qui ne paraissent pas acceptables en l’état. »
Car si ce plan mobilité est plutôt de qualité, il n’est pas à la hauteur des enjeux et manque considérablement d’ambition.
Coté objectifs : c’est insuffisant et il faut passer à la vitesse supérieure.
La diminution des gaz à effet de serre doit atteindre – 50% et non – 26% comme indiqué dans ce projet. Ce n’est pas une proposition hors sol : Le secteur des transports représente la première source d’émission de GES en France. La loi européenne sur le climat fixe l’ambition de moins 55 % d’ici 2030. Moins 50% c’est presque le minimum syndical si on prend au sérieux l’ambition de la neutralité carbone.
Concernant les déplacements motorisés, il faut passer de -15% à -25%. On ne peut pas se baser uniquement sur les véhicules électriques car une part importante de la pollution de l’air est liée au freinage des voitures et plus elles sont lourdes, comme des SUV, plus le freinage entraine des émissions polluantes. Il faut donc bien réduire le nombre de véhicules.
La part modale du vélo doit passer à 20% comme le recommande l’ADEME, dans une étude récente qui projette une part modale du vélo à l’horizon 2030 à hauteur de 24% pour la petite couronne. Réaliste donc.
Les enjeux d’accessibilité
Ce plan ne présente pas d’objectifs chiffrés de mise en accessibilité ou de calendrier. Il n’y a pas de prise en compte de la transition démographique – vieillissement de la population et s’accompagne souvent d’une diminution de la mobilité. Nous regrettons que ne soit pas pris en compte la spécificité de la mobilité des aidés et des aidants, alors que les trajets d’accompagnement et pour les visites médicales représentent des millions de trajets quotidiens.
Enfin, ce plan mobilité manque terriblement de propositions innovantes, d’outils qui ont fait leurs preuves et qui nécessitent une planification à l’échelle de l’Ile de France.
On pense aux rues aux écoles, par exemple, que nous allons expérimenter prochainement à Malakoff à l’initiative des habitants ! Comme quoi, la population, elle est prete à ces changements. On peut penser aussi au Zone à Trafic Limité, des infrastructures contribuant à la multimodalité (vélos/transports en commun : ainsi les stationnements sécurisés pour les vélos dans les gares ne concernent que 12% des gares contre 46% au niveau national. )
Aussi, nous sommes d’accord avec vos réserves et nous en avons d’autres, et elles sont telles qui nous ne pouvons pas approuver l’avis favorable même avec réserves, nous voterons donc contre cet avis.
Retrouvez ICI notre compte rendu complet de la séance publique du 18 octobre 2024. Et pour le Plan mobilités 2030, c’est ICI.