Assainissement – Rapport annuel délégataire 2024 – Prix et qualité du service public de l’eau.

Intervention de Najib Benarafa à l’occasion de la séance plénière du Conseil départemental des Hauts-de-Seine du 5 décembre 2025.

Ce rapport 2024 de la SEVESC en charge de la délégation du service public départemental de l’eau mérite que l’on prenne le temps de s’attarder sur les événements pluviaux majeurs qui ont pu fragiliser temporairement nos systèmes d’assainissements et de prendre du recul sur la gestion de cette ressource.  

Je sais que les compétences départementales en matière d’assainissement comprennent surtout la gestion du transport des eaux usées et des eaux de ruissellement et c’est bien dommage car la collecte, l’épuration et la bonne santé de la Seine sont intrinsèquement liés. 

L’année 2024 a été marquée par une augmentation de 42% de la pluviométrie avec une concentration des mois pluvieux en automne. Alors qu’en été on observait au contraire une baisse de 30% de la pluviométrie donc une sécheresse marquée. C’est ce qui va désormais caractériser nos prochaines décennies comme l’avait prévu les rapports du GIEC. Des périodes très humides et d’autres de grande sécheresse, le tout ponctué par des tempêtes plus fréquentes. A nous donc de faire de constat une force en absorbant au maximum ces pluies pour en utiliser une partie par temps sec. 

Deuxième fait marquant de l’année 2024, des tempêtes d’une rare intensité. Je pense à la tempête Kirk où il est tombé en 24 heures l’équivalent d’un mois de pluie notamment sur Nanterre. Ce genre d’évènement est devenu tellement récurrent sur notre planète que l’on n’avait presque oublié que cela s’était passé il y a à peine 1 an. Je rappelle qu’après la tempête Kirk, le gouvernement a reconnu l’état de catastrophe naturelle dans près de 380 communes car cette augmentation des eaux pluviales a induit des inondations importantes en île de France et particulièrement dans les Yvelines, par débordement des réseaux. Je ne parle même pas des conséquences sur les réseaux routiers, les aéroports, les écoles, les EHPAD évacués, les coupures d’électricités et des millions de dégâts engendrés par cette tempête. 

Pour notre Département, épargné cette fois-ci cela s’est traduit principalement par un accroissement des rejets d’eau de pluie vers la Seine lors de cette tempête. 

Certes, les inondations par débordement n’ont ni la soudaineté, ni le potentiel destructeur et meurtrier des crues torrentielles du sud de la France Mais l’étendue des surfaces vulnérables aux inondation est importante dans les Hauts de Seine. Surtout que les communes exposées aux zones inondables sont malheureusement parmi les plus densément peuplées, je pense à Colombes, Gennevilliers, Nanterre, Villeneuve la Garenne ou même Boulogne. Et s’il existe des plans de crise, je crois qu’on n’imagine même pas la gestion de l’évacuation des milliers de personnes dans ces zones et l’impact économique que cela aura. 

Si le schéma départemental d’assainissement a pris des mesures curatives pour réduire des rejets en Seine et résorber les zones critiques d’inondation par débordement de réseaux. Ses mesures pour prévenir les inondations qui vont devenir, conséquence du réchauffement climatique, de plus en plus courantes ne sont peut-être pas à la hauteur des conséquences financières liées à ce type de catastrophe. 

En effet l’augmentation de l’imperméabilisation des sols, corollaire de la densification urbaine, entraîne des débordements de réseaux d’assainissement d’eaux pluviales ou unitaires, de plus en plus importants, sans toutefois que le nombre de bassins de retenue, souvent implantés de manière curative, ne puisse les résorber. 

La réalisation de bassin de stockage-restitution pour limiter les inondations par débordements de réseaux d’assainissement rencontre aussi ses limites : il est très consommateur d’espace, participe à la concentration des flux polluants et a un coût financier significatif, tant en investissement qu’en fonctionnement. 

Pour prévenir cela la solution la plus pertinente, efficiente et durable pour les décennies à venir serait de respecter le cycle naturel de l’eau dit « grand cycle de l’eau ». Concrètement cela veut dire qu’il faut ralentir le cycle de l’eau et favoriser l’infiltration de l’eau localement pour les besoins humains et du vivant et en tant que composante majeure des milieux naturels.  

Le Département l’a bien compris et la désimperméabilisation progressive des cours d’école est un bon exemple mais à mesure que le réchauffement climatique s’accélère, il faut augmenter à notre tour les mesures pour parer à ces événements qui seront inéluctables et se fixer des objectifs encore plus ambitieux : 

Objectif n°1 : S’engager vers la zéro artificialisation nette. 

Objectif n°2 : Désimperméabiliser les routes départementales. 

Objectif n°3 : Mobiliser les outils financiers disponibles pour créer des zones humides près des méandres de la Seine. Aujourd’hui le budget annuel moyen des subventions pour inciter les communes à réaliser des ouvrages de gestion des eaux intégrés dans la ville cumulant les fonctions hydrauliques et paysagères, est de l’ordre d’un million d’euros seulement. 

Donc si une commune pauvre a le choix pour un terrain nu, entre un projet immobilier à caractère social et parfois subventionné et créer une zone humide paysagère, elle va choisir de répondre à l’urgence sociale et économique. Sauf qu’à long terme ces choix vont s’avérer beaucoup plus coûteux en cas d’inondation. 

Le Département pourrait peut-être inciter financièrement à opter pour l’option durable car en fin de compte elle sera la plus économique pour notre territoire tout en contribuant à la transition climatique 

En effet les zones humides, qui peuvent prendre la forme de prairies humides, de mares, de tourbières, ou de végétation des berges, fonctionnent comme des « éponges naturelles » qui reçoivent de l’eau, la stockent et la restituent. Elles assurent également de nombreux rôles : régulation des débits et de niveaux d’eau, réservoir de biodiversité, épuration et en plus séquestration de carbone avec une efficacité supérieure à celle d’une forêt. 

Les crises hydriques actuelles qui vont s’accentuer, comme les modèles climatiques et hydrologiques le démontrent, doivent nous conduire à définir des actions correctives à court terme (faire face aux sécheresses et consolider la disponibilité en eau pour des usages prioritaires) en conciliant une vision du long terme sur la ressource, afin de rendre nos territoires plus résilients. 

Dernier point, une grosse partie des investissements d’assainissement ces dernières années ont été consacrées à l’objectif de rendre la Seine baignable, pour les jeux olympiques de Paris en agissant sur les réseaux en amont de la capitale. Maintenant que les Parisiens peuvent profiter du fleuve comme d’une base de loisir, il est regrettable pour l’attractivité de notre territoire, qu’en aval de Paris la Seine ne soit toujours pas praticable pour la baignade alors que les habitants les plus sédentaires en été se trouvent justement dans ces zones. 

Voilà donc les avis que notre groupe pourrait émettre sur les orientations des projets à venir. 

Pour ce qui est de la fixation de la partie départementale du prix de l’eau et qui est restée constante depuis au moins le début du mandat, nous voterons pour, car le délégataire a globalement bien rempli ses objectifs malgré la gestion d’un réseau gigantesque et les aléas climatiques et météorologiques. Malheureusement cela n’a pas empêché le prix de l’eau d’augmenter pour les altoséquanais et on peut s’interroger sur la part du SIAAP tellement importante dans le prix de l’assainissement de l’eau et qui est 30% plus importante pour les Départements de Paris et de la petite couronne par rapport aux Départements de la grande couronne.  

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