Une autre politique face à l’urgence
Tribune de Najib Benarafa parue dans Hauts-de-Seine Magazine de juillet 2022.
Les pénuries s’accumulent, l’inflation augmente, les inégalités s’accroissent, la liste des réfugiés s’allonge, la température monte et les espèces s’éteignent massivement. Ces évènements ne sont pas seulement la conséquence de la guerre en Ukraine mais le résultat d’événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents : sécheresses, incendies, inondations, grêle, gel et tempêtes. Les Etats ont une responsabilité, par leur inaction et leurs priorités. La politique économique mondiale actuelle continue de détruire l’environnement et le social pour un profit éphémère. La liberté, vantée par le libéralisme, est devenue le déguisement d’un individualisme acharné.
Nos collectivités sont donc contraintes d’investir, pour réparer ce qui a été abîmé. Notre département prend en compte de nombreux enjeux du développement durable, en revanche cette lucidité n’a pas encore intégré la notion d’urgence. Urgence climatique. Urgence sociale. Les Hauts-de-Seine se sont engagés avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Une échéance trop tardive : le GIEC implore les Etats de diminuer de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici trois ans pour éviter l’irréversible.
Plusieurs leviers d’action sont envisageables pour atténuer ces changements et s’adapter :
- Subventionner le photovoltaïque français pour les particuliers, et en installer sur les toits des collèges car leur fonctionnement, en journée seulement, est idéal pour le solaire ;
- Expérimenter et généraliser des innovations comme l’hydrolienne biomimétique pour exploiter le potentiel énergétique de la Seine ;
- Développer une économie circulaire d’échelle, qui ne pourra être effective qu’avec des partenariats entre les entreprises locales conceptualisant des produits entièrement recyclables et les collectivités ;
- Installer une politique de sobriété coopérative et dimensionnelle, c’est-à-dire faciliter un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien (comme les transports publics gratuits pour tous les collégiens) qui évitent la demande en énergie, matériaux, sols et eau tout en garantissant le bien-être de tous dans le respect des limites planétaires.
Cette politique permettrait de créer plus de solidarité, de pouvoir d’achat et un environnement plus sain.