Rapport 2023 sur l’égalité entre les femmes et les hommes du Département des Hauts-de-Seine

Intervention de Dominique Trichet-Allaire lors de la séance publique du Conseil départemental des Hauts-de-Seine du 20 décembre 2024.

M. le président, mes chers collègues,  

Vous le savez, notre groupe sait être critique tout en étant constructif, et ceci pour l’intérêt des alto-séquanais. Aussi, cette année encore, nous saluons ce rapport qui nous communique des données transparentes et des analyses pertinentes.  

Concernant notre politique en interne, 

Beaucoup de données pertinentes sont dans ce rapport, qui n’évince pas les difficultés rencontrées par le département pour atteindre la parité dans certains services, ou pour faire appliquer une égalité salariale entre femmes et hommes, et qui présente aussi des analyses intéressantes de ces difficultés. 

Cependant, les mesures correctives restent peu ambitieuses pour la parité et l’égalité salariale : mise à part la généralisation de la féminisation des titres, qui est juste l’application de la loi, les autres mesures ne sont pas spécifiques aux femmes (prime d’intéressement collective, télétravail, dispositif talent) , ces dispositifs sont pour tout le monde, mais comme il y a plus de femmes que d’hommes au CD, et bien plus de femmes sont concernées. Mais ce ne sont pas des mesures de rattrapage, pour compenser les inégalités existantes.  

Dommage.  

Politiques publiques  

Concernant la partie du rapport sur les politiques publiques du département, les informations sont très intéressantes et nous donnent une bonne vision de ce qui est fait par le département pour l’égalité. Et il faut reconnaitre que beaucoup de choses sont faites.  

Mais, la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes, la réussite professionnelle des filles et femmes, l’éducation à l’égalité et la culture du respect, tous ces défis (pour ne pas dire combats), ne peuvent être menés sans une politique forte pour les droits sexuels et reproductifs des femmes et notamment le droit effectif à l’IVG.  

Doit-on rappeler les drames vécus par les femmes qui subissent ou ont subi des grossesses non -désirées ? Combien de femmes sont mortes pour avoir avortées clandestinement ? Combien de déni de grossesses ? combien de bébés abandonnés ? combien (tabou ultime !) d’infanticides ? 

Tout cela existe.  

Combien de femmes ont vu leur vie bouleversée à cause de grossesses non désirées entrainant l’arrêt de leurs études, peut-être de déménager, de burn-out car c’est le 6è enfant.  

Choisir d’avoir un enfant ou non, et le moment pour l’avoir, sont des libertés indispensables pour une vie personnelle et professionnelle épanouie.  

Or l’accès à l’IVG dans les Hauts-de-Seine est trop restreint : le nombre de centres de contraception et IVG et autre centres de santé proposant l’IVG est insuffisant. (Une étude du Sénat sur l’accès à l’ivg dévoile que) Notre département fait partie de ceux dont le pourcentage d’habitantes qui doivent aller dans un autre département pour accéder à l’IVG est le plus important. Le planning familial me faisait part que des jeunes filles altoséquanaises sont obligées d’aller en Espagne car les temps d’attente pour avoir les RV médicaux sont tels que le délai pour pouvoir avorter en France est dépassé. (Ce n’est pas par négligence de ces jeunes filles, non,) c’est juste parce qu’elles n’arrivent pas à avoir de RV rapidement. L’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse n’est donc pas satisfaisant, et c’est problématique dans les Hauts-de-Seine.  

L’accès au droit à l’IVG doit être pris au sérieux et le département doit continuer à développer les mesures d’action. Ce droit doit être en lien avec une politique d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle : Plus les jeunes sont sensibilisées et formées, moins il y a de recours à l’IVG. Car c’est par l’absence de dialogue et méconnaissance que les adolescentes ont des grossesses non désirées. 

Et je souhaite finir en soulignant l’importance de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle pour les jeunes des Hauts-de-Seine.

En effet, les lacunes dans cette éducation sont souvent mises en lumière à travers des événements tragiques comme les violences faites aux femmes, les violences faites aux enfants (inceste), aux personnes LGBT, les suicides d’adolescentes et d’adolescents, ou plus banalement l’augmentation du sexisme.  

(Ces événements montrent en creux l’importance du respect de soi et d’autrui, de l’égalité entre les individus et de la compréhension mutuelle.) 

L’éducation à la sexualité a été rendue obligatoire à l’école en 2001, à raison de trois séances annuelles pendant toute la scolarité de l’élève, mais elle n’est pas respectée : sur le territoire national moins de 15 % des élèves en bénéficient et 25 % des collèges déclarent n’avoir jamais mis en place d’éducation à la sexualité malgré l’obligation légale. Cela doit nous interroger !  

Le département doit prendre ses responsabilités notamment auprès des enfants pris en charge par l’ASE. Et ça, c’est une alerte du Senat). Ces derniers ont des seuils de tolérance aux pratiques violentes particulièrement élevés dans la mesure où ils et elles subissent, depuis leur plus jeune âge, un continuum de violences. Les situations dramatiques que connaissent ces jeunes, leurs conduites à risque, l’emprise dont ils et elles sont parfois l’objet peuvent être directement reliés à la faiblesse des moyens affectés à l’ASE. Le consentement est un questionnement récurent chez eux, les situations d’emprise sont très fréquentes, or consentement + emprise + tolérance à la violence, le cocktail parfait de la prostitution (contre laquelle nous nous battons).  

Nous touchons ici à des enjeux de santé publique, de prévention des risques et des violences, donc de tranquillité publique. Ce sont des enjeux fondamentaux pour la cohésion sociale du territoire. Nous attendons de la part du département le développement d’une politique volontaire et forte pour l’accès aux droits sexuels et reproductifs.  

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