Rapport Développement durable 2024 – Etat d’avancement de la mise en oeure de l’Agenda 2030 des Hauts-de-Seine
Intervention de Najib Benarafa lors de la séance plénière du Conseil départemental du 14 février 2025.
J’apprécie que le rapport en matière de développement durable, publié chaque année avant le débat d’orientation budgétaire, devienne naturellement le bilan d’avancement de cet Agenda 2030, peut-être qu’un jour le DOB et l’état d’avancement de l’Agenda 2030 fusionneront pour que nous puissions apprécier chaque ligne du budget à travers le prisme du développement durable.
Tout d’abord un grand merci à l’ensemble des auteurs de ce rapport, donc au Service Nature, Paysage et Environnement qui effectue toujours un travail très professionnel et sincère. On voit que ce rapport a été fait par des personnes compétentes, des écologues qui savent mettre en avant l’importance des petites choses pour rendre cohérent l’ensemble.
Le fait de donner des indicateurs de moyens ou de résultats, et d’un indice d’avancement permettant d’évaluer la progression globale de la mise en œuvre du plan montre qu’il y a une volonté de transparence. En revanche la lisibilité de l’avancement est difficile car les camemberts de progression sont présentés en préface et en annexe et pas en face des actions, si bien qu’on ne sait pas bien ce qui est en cours de réalisation et ce qui relève de l’intention.
Ce qui est fait par le département des Hauts-de-Seine lors de cette mandature pour le développement durable est sans commune mesure avec les mandatures précédentes, il faut le reconnaître, mais notre planète est aussi dans une situation sans commune mesure avec les époques précédentes. Nous avons dépassé 6 limites planétaires et le déclin de la biodiversité comme le réchauffement climatique s’accélèrent. Peu le perçoivent, et peu encore ont compris, que l’inaction climatique coûtera plus cher aux générations futures.
Afin de respecter le tour de force accompli pour penser et rédiger ce rapport qui suppose une vraie coopération transversale, je me permets de relever un ou deux points de vigilance dans chaque Mission proposée, en restant bref et toujours constructif.
Enjeu 1 : prendre soin des habitants
premier point de vigilance : améliorer les indicateurs pour la MDPH (Maison départementale des Handicapés) qui a fait la une des journaux ces jours-ci avec ses 18000 dossiers en attente et des délais de 8 mois (alors que le délai légal est de 4 mois) pour instruire un dossier. Des personnes souvent très vulnérables financièrement. Parmi les indicateurs on pourrait choisir de mesurer la stabilité des équipes de la MDPH, de mesurer l’autonomie des usagers à pouvoir suivre l’avancement de leur dossier soit en télé-service soit avec des cafés Andy pour avoir un contact informel ou faire en sorte que chaque usager puisse avoir un agent référent pour le renseigner. Ce sont des petites choses mais qui permettront de faire baisser la pression des deux côtés.
2ème point de vigilance : les bénéficiaires du RSA, un indicateur intéressant serait de savoir si, depuis l’obligation de remettre en activité les bénéficiaires du RSA, ces derniers ont davantage retrouvé un emploi. Ou si c’est le contraire, du fait que certaines entreprises pourraient profiter de cette une main d’œuvre de 15h gratuites payée par les allocations du Département.
Enjeu 2 : s’engager pour mieux vivre ensemble
Cette mission regroupe l’ensemble des actions à destination de la jeunesse, et tout particulièrement des collégiens. J’y suis particulièrement sensible car les collèges sont un levier d’action extraordinaire pour la transformation du patrimoine départemental et l’évolution des esprits. C’est sur les fondations de l’éducation que le cœur de la stratégie départementale doit se construire.
J’apprécie particulièrement le département éco-collège qui agit depuis des années et avec qui j’ai longuement travaillé. Parmi les indicateurs pour l’agenda 2030, il faudrait que toute notre 100aine collèges publics adhèrent au programme Eco-collège. Nous, élus, avons un rôle à jouer lors des Conseil d’administration de nos collèges en les incitant à s’inscrire à ce programme. Il y a 6 collèges à Colombes dont 3 en REP, il y a 4 ans aucun n’était éco-collège, maintenant ils le sont tous et aucun ne le regrette.
Depuis 2022, le ministère de l’éducation nationale incite les établissements à se doter d’un référent développement durable, ce référent doit devenir un partenaire privilégié du département, pour faire en sorte que chaque dépense du département en faveur du développement durable du collège soit associée à un projet pédagogique de diagnostic, de sensibilisation, de communication ou d’action.
Le département aurait tout à gagner à participer à leur formation et à les accompagner dans leurs missions. Les programmes sont nombreux pour agir, pas seulement Cube, îlots verts qui sont remarquables, mais l’alternative végétarienne, la cuisine surplace, le compostage des déchets, l’adaptation réchauffement climatique sont autant de modifications apportées par notre département aux différents collèges, qui doivent être couplés avec des projets pédagogiques pour une meilleure sensibilisation et une meilleure visibilité.
Je ne vais pas vous reparler de la restauration scolaire mais je crois là aussi, il faudrait développer de nouveaux indicateurs plus fiables que les enquêtes de satisfaction et les visites. Le développement de cuisines surplace est une excellente décision mais il ne concernera pas tous les collèges. Il y a encore des problèmes de management dans certaines cantines, des élèves non-inscrits viennent déjeuner et personne n’ose prendre la responsabilité de refuser un repas à un enfant non inscrit, résultat, en fin de service il n’y a pas assez à manger ou pas assez de choix. Si certains inscrits ne viennent pas, le gaspillage devient immense.
Les prochains enjeux dans les collèges seront le développement du photovoltaïque dans les collèges grâce à la SEM énergie92, et le recyclage et la réparation des appareils numériques. Cela va devenir un enjeu majeur car les ressources vont finir par manquer.
30% de l’empreinte carbone des collèges est liée aux voyages scolaires. Investir dans la mise à disposition de cars électriques ou proposer des subventions pour les voyages qui se font en train plutôt qu’en avion pourrait être une vraie incitation et une vraie sensibilisation à la sobriété énergétique tout en permettant au département d’atteindre ses objectifs de neutralité carbone.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je tiens à souligner que dans ce domaine tout comme dans celui de l’égalité femmes-hommes, le Département a franchi de vrais palier grâce au travail d’équipe de nombreux agents.
Enjeu 3 : se reconnecter à la nature
Il faut poursuivre cette politique d’augmentation de la surface des Espaces Naturels sensibles du département mais le véritable indicateur sera de mesurer la surface débétonnée du Département chaque année. Là aussi il faudrait des mesures pour inciter les communes à le faire. Ce qui n’est pas facile compte tenu du prix de chaque parcelle. Sans compter qu’avec le développement des intelligences artificielles, les élus devront bientôt arbitrer entre l’installation d’un Data Center sur leur territoire ou celle d’un parc. Ça a l’air simpliste dit comme ça, mais les IA vont entrer en concurrence avec le vivant dans tous les domaines.
La gestion des parcs départementaux intègre le principe de l’écologie de la réconciliation, où les activités humaines et la préservation de la biodiversité peuvent évoluer de concert sur un même espace. J’aime cette idée d’écologie de la réconciliation. Dans ce département l’humain a beaucoup à se faire pardonner
Reconquérir la Seine à pied, à vélo, en bateau et en famille est quelque chose qui parle à tous et je remercie encore tous ceux qui ont compris que la Seine faisait partie de notre identité et surtout qu’elle a un potentiel extraordinaire comme milieu capable de rendre des services écosystémiques de loisir, de rafraichissement, de dépollution et de bien-être.
L’objectif de Baignade dans la Seine à Sèvre est un indicateur significatif, certes mais les altoséquanais auront du mal à comprendre que l’on puisse se baigner en amont de la Seine comme à Sèvre mais pas en aval comme à Colombes alors que tous les territoires de la rive gauche traversés sont ceux des Hauts de Seine.
Beaucoup d’entités prometteuses ont été créées comme la SEM-Energies92 pour accélérer la transition énergétique et fournir aux habitants une énergie plus propre, plus décarbonée, à un coût optimal ou le projet d’élaboration d’un Schéma Directeur des Réseaux de Chaleur Urbains. Les réalisations concrètes de ces structures seront de vrais indicateurs de réussite de ces programmes.
Comme réalisation concrète, l’expérimentation d’un enrobé innovant avec un liant bitumineux en partie substitué par un composé d’origine végétale semble prometteuse car beaucoup plus écologique. Le biomimétisme, c’est-à-dire toutes les innovations qui imitent le vivant, devrait faire partie de la boussole du département.
Enjeu 4 : être fier de travailler pour le Département
La réussite des jeux olympiques, ou la sauvegarde de l’environnement facilitent la motivation. Se sentir utile, rend fier. Et si les orientations du département sont exemplaires environnementalement c’est encore mieux.6
A ce sujet il ne faudra pas oublier les travailleurs sociaux qui sont de plus en plus sollicités et qui peuvent accumuler de la frustration quand les habitants ne peuvent bénéficier de bons services parce qu’ils sont en sous-effectif ou qu’ils manquent de moyens.
Enjeu 5 : choisir les Hauts-de-Seine
Cet engagement est ambitieux car l’attractivité de notre territoire se heurte en premier lieu à la problématique du logement. Le logement représente, en île de France, la moitié du budget des altoséquanais ce qui est une anomalie et qui est à mon sens à l’origine du problème du pouvoir d’achat.
L’accès à un logement abordable devrait être un droit pour notre jeunesse. Si elle compte sur les logements sociaux, elle devra être patiente car un des indicateurs pour remplir cet engagement devrait être la diminution de temps d’attente, qui dépasse souvent la dizaine d’années.
La programmation 2024 de travaux de réhabilitation du patrimoine de Hauts-de-Seine habitat, est une bonne chose. Pour l’instant ils ont concerné Asnières, Bois-Colombes et la Garenne-Colombes, malheureusement la liste est encore longue et les logements de Hauts-de-Seine Habitat par exemple à Colombes sont dans un état catastrophique et ils devront attendre encore des années pour bénéficier de ce programme. Si vous pouviez accélérer cela pour que cela rentre dans l’agenda 2030, les habitants de la cité des Musiciens vous en seraient reconnaissants.
Les objectifs d’attractivité du département par le développement du sport et de la culture sont déjà pratiquement atteints et il faut féliciter les acteurs de cette réussite. Ce sont des facteurs qui nous font garder des altoséquanais. Nous venons de réhabiliter l’enceinte mythique du stade Yves du Manoir pour en faire un écrin écologiquement exemplaire. Mais nous venons d’apprendre, par voie de presse, qu’il serait mis à disposition du Racing qui a aussitôt déposé un permis de construire. Le retour du Racing à Colombes est une chance pour tous les habitants, mais cette Autorisation d’Occupation Temporaire aurait pu être l’objet d’une discussion. Il faut que ce qui a été investi de manière exemplaire par l’argent public, soit bien entretenu par des intérêts privés.
Car les facteurs qui peuvent faire perdre de l’attractivité au département c’est la diminution de la qualité de l’environnement, donc de la qualité de vie. Et celle se mesure par des indicateurs simples que l’on ne mesure pas dans ce rapport développement durable : la qualité de l’air, de l’eau, des sols, la végétalisation, la présence de biodiversité, la pollution sonore et de la pollution lumineuse à laquelle nous participons avec des écrans publicitaires sur tout le territoire.
En conclusion
L’agenda 2030 n’est pas une finalité en soi, car il ne fait que ralentir notre course folle vers l’épuisement des ressources et le dépassement des limites planétaires, mais cet agenda est nécessaire pour une transition, en douceur, vers une écologie de la reconstruction.
Retrouvez ICI le compte rendu de la séance du 14 février.