A propos du développement durable dans les Hauts-de-Seine (rapport 2022)
Intervention de Najib Benarafa lors de la séance plénière du conseil départemental du vendredi 16 décembre 2022.
M. le président, chers collègues,
Merci pour ce rapport développement durable dans lequel sont rappelés les 3 piliers que sont la cohésion sociale, l’économie circulaire et l’environnement, ainsi que les 17 objectifs de développement durable fixés par l’agenda 2030.
Les engagements du Département en matière de développement durable sont réels et méritent d’être soulignés. Je pense notamment à l’entretien des espaces naturels sensibles qui respectent le développement de la biodiversité, à la promenade bleue, aux objectifs de réalisations attendues des pistes cyclables, à la conception du nouveau stade Yves du Manoir, un stade à énergie positive, et à la gestion de l’eau. Enfin je pense au programme des îlots verts qui désimperméabilisent les cours de récréation des collèges tout en les végétalisant.
Même au niveau de la coopération internationale, les programmes d’agroécologie et d’agroforesterie sont remarquables. A l’heure où nous sommes en plein milieu de la COP15 de la biodiversité à Montréal, peut-être que notre département pourrait étendre cette coopération en débloquant des fonds pour financer l’extension de certaines réserves naturelles précieuses dans le monde. La survie de certaines espèces en dépend, et nous devons lutter de toute nos forces contre l’extinction des espèces, car quand une espèce disparaît, c’est irréversible.
En revanche les données récentes du GIEC, auxquelles s’ajoute la crise énergétique, nous obligent à revoir les objectifs du département en matière d’autonomie énergétique de notre territoire et de lutte contre le réchauffement climatique.
Pour lutter contre la précarité énergétique, les efforts se sont concentrés sur les travaux de réhabilitation et d’isolation ce qui est judicieux, mais le département reste vulnérable aux coupures et autres délestages inopinés d’électricité qui vont s’accentuer avec les besoins grandissants et les fragilités du réseau.
Le sujet de développer un minimum d’autonomie énergétique pour le fonctionnement administratif du département, des collèges et du tramway, mériterait un débat. Des investissements dans le photovoltaïque ou la géothermie ne peuvent qu’être rentables. Et puis donner un coup d’accélérateur au développement des énergies renouvelables est la meilleure stratégie pour réduire nos dépendances aux énergies fossiles.
Pour ce qui est de la lutte contre le réchauffement climatique, malgré tous les efforts louables présentés dans ce rapport, le compte n’y est pas, parce que le Département émet toujours 150 000 tonnes équivalent CO2 par an et que la neutralité carbone est annoncée pour 2050 seulement. 40% des émissions de gaz à effet de serre que l’on rejette actuellement seront encore présentes dans 100 ans.
Fixer un objectif à 2050, alors que personne ici à part Xavi ou Lounes, ne sera encore dans cet hémicycle, n’est plus audible pour la plupart des jeunes qui vivent avec anxiété la crise climatique et de la biodiversité car elles signifient la fin de l’humanité.
Nous avons le devoir de nous donner des objectifs de décarbonation, par exemple moins de 100 000 tonnes éq CO2 par an pour 2028 maximum, fin de notre mandat. Ces objectifs impliqueront peut-être d’avoir à terme zéro déchet, mais pas forcément de vivre moins bien, au contraire il suffit simplement de remplacer tout ce qui pollue par ce qui protège l’environnement pour relancer une économie. Il faudra également faire en sorte de trouver une équation pour que tout le monde bénéficie d’un salaire décent. Le changement doit être altruiste sinon il ne sera pas.
Il conviendrait aussi de multiplier les puits de carbone partout où c’est possible en utilisant les espace entre les arbres pour créer une végétalisation basse, ce qui démultiplierait les surfaces d’absorption du carbone, de la pollution et du bruit. Le département s’est longtemps contenté d’enclaver la biodiversité dans les espaces naturels sensibles entre les zones bétonnées, il faut désormais créer un maillage de la biodiversité en utilisant par exemple toutes les routes départementales. Utilisons 1% de la surface du 92 pour planter des haies, comme ces végétaux absorbent du CO2 et permettent une extension de l’habitat pour la biodiversité, les résultats peuvent être surprenants.
Le département a déjà annoncé des projets conséquents au niveau environnemental et nous les approuvons, mais notre groupe est à l’image de ce que la population attend en priorité de ses élus : une lutte de tous les instants, une mise en route de tous les moyens contre le réchauffement climatique.